AGRI-PME, une révolution numérique pour l’agriculture au Togo

AGRI-PME, une révolution numérique pour l’agriculture au Togo

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Annoncé au printemps 2016 par Cina Lawson[1], Ministre des Postes et de l’Économie numérique du Togo, le projet AgriPME est désormais opérationnel. Basé sur l’usage de la technologie de paiement par téléphone mobile, ce projet place le numérique au cœur du métier d’agriculteur.
 

Faisant du téléphone mobile des agriculteurs un véritable porte-monnaie électronique, AgriPME révolutionne la distribution des subventions des engrais agricoles. Grâce à un rôle d’intermédiaire joué par les opérateurs de téléphonie mobile, la dotation globale de 1,5 milliard de Francs CFA accordée par l’Etat pour l’achat d’engrais est désormais convertie en monnaie électronique puis individuellement attribuée aux agriculteurs vulnérables ciblés. Tous les ans, chaque agriculteur identifié comme vulnérable recevra ainsi directement sur son téléphone portable l’équivalent de 9.000 Francs CFA. Ce montant pourra être ensuite dépensé pour l’achat de trois sacs d’engrais, exclusivement auprès de l’un des quinze distributeurs agréés du pays.

La simplicité de ce mécanisme ne saurait masquer l’importance des moyens mis en œuvre pour y parvenir. Financé à hauteur de 1,2 milliards de Francs CFA par la Banque Africaine de Développement (BAD), ce projet a pu voir le jour grâce à une coopération exceptionnelle entre les acteurs concernés. Sous l’impulsion des Ministères des Postes et de l’Economie Numérique (MPEN) et de l’Agriculture, de l’Elevage et de l’Hydraulique (MAEH), les discussions ont impliqué l’ensemble des parties prenantes (Opérateurs de Téléphonie Mobile, Distributeurs d’intrants agricoles, Monde agricole).

Un dispositif technique innovant comprenant l’utilisation de plus de 400 smartphones connectés à une plateforme constituée de serveurs et d’applications a permis un transfert automatique des données collectées. Aussi, des équipes de terrain se sont rendues sur l’ensemble du territoire pour identifier individuellement les agriculteurs les plus vulnérables, recueillir les informations pertinentes (âge, sexe, surface cultivable, etc.) et les enregistrer numériquement.

Afin d’être immédiatement opérationnel, des formations ont été dispensées aux opérateurs, distributeurs et équipes techniques d’identification et d’enregistrement. De plus, concomitamment à la distribution gratuite de cartes SIM aux agriculteurs par les opérateurs, des campagnes de sensibilisation ont été menées dans tous les pays, dans plusieurs langues locales et sur différents supports (TV, radios, clips vidéo). L’ensemble des moyens déployés a d’ores et déjà permis l’identification de plus 76 522 agriculteurs vulnérables. Parmi eux, 25 646 ont effectué des achats d’engrais grâce à leur porte-monnaie électronique au 24 août 2016.

Compte tenu de la place prépondérante occupée par le secteur primaire dans l’économie togolaise – 39% de la richesse nationale et 70% de la population – AgriPME aura un impact considérable.

Tout d’abord, le projet répond à un besoin stratégique. Des travaux récents menés par la Banque Mondiale ont en effet souligné la nécessité, pour le Togo, de parvenir à une meilleure exploitation des sols, notamment en favorisant l’utilisation d’engrais[2]. De plus, il était devenu important de revoir le mode de gestion de ce marché et en particulier de réduire des coûts décrits comme excessifs et peu efficaces.

Ainsi, à court terme, de nombreux bénéfices sont déjà constatés. La démonétisation du paiement de la subvention rend les transferts plus sûrs, plus simples et plus transparents. Grâce à l’identification individuelle des agriculteurs vulnérables et à la numérisation du versement, la traçabilité devient totale, faisant de la subvention une dépense plus ciblée, et donc plus efficace. De plus, la numérisation des données permet de connaître en temps réel l’état du marché ainsi que la disponibilité des stocks d’engrais dans le pays.

Au-delà de ces premiers résultats, AgriPME ouvre d’immenses perspectives pour l’agriculture au Togo. Nul doute que la libéralisation du secteur permettra de renforcer l’implication du secteur privé et de favoriser la création d’emplois. De plus, grâce aux données recueillies sur les agriculteurs, les spécificités du secteur sont mieux connues. L’âge, le sexe, la localisation, la superficie cultivable ou bien encore les semences choisies sont autant d’informations permettant aux pouvoirs publics de mieux répondre aux besoins et préoccupations des populations rurales. Surtout, en signant l’entrée du numérique dans le métier d’agriculteur, le projet contribue à la modernisation du secteur primaire. Faisant du téléphone mobile un outil de travail au quotidien, il participe à la réduction de la fracture numérique ainsi qu’à la démocratisation de l’accès aux technologies modernes au Togo.

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